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Ressources pratiques sur le sport

L'industrie du sport parie sur la recherche


En juin dernier, s'est tenu à Marseille le 4e Congrès du Réseau français d'ingénierie du sport (RFIS) qui associe industriels du sport et recherche publique. Organisateur de cet événement, Éric Berton, du laboratoire « Mouvement et perception » (1), nous explique le rôle crucial – et parfois inattendu – de l'innovation technologique dans le sport.


En quoi l'industrie du sport ne peut-elle plus se passer de recherche et d'innovation ?

É.B. : On le sait, ce secteur connaît actuellement un essor exponentiel. D'un côté, le sport professionnel n'a jamais été aussi médiatisé ; de l'autre, de plus en plus de gens pratiquent au quotidien une activité sportive. Résultat : en 2010, l'industrie du sport – au sens large – devrait compter quelque deux millions de salariés en Europe, contre 800 000 en 1999 ! Hors bénévolat, le poids du sport dans l'économie française représente déjà près de 2 % du PIB (27,4 milliards d'euros en 2003). Or l'innovation est un des moteurs de ce développement : en permanence, le marché réclame de nouveaux produits toujours plus performants, ce qui nécessite évidemment, en amont, des recherches fondamentales. Ces dernières sont d'autant plus utiles qu'elles ont souvent des répercussions inattendues : par exemple, les mouvements du tennis sont comparables à ceux d'une caissière qui exécute des tâches très répétitives. Les étudier et transposer les résultats pour rendre les postes de travail plus ergonomiques permet de réduire ainsi les troubles musculo-squelettiques. Et on peut appliquer cela à presque tous les sports.

Parmi ceux-ci, quels sont les plus innovants ?

É.B. : Immédiatement, on pense à la haute technologie déployée en voile, en sports mécaniques, ou en cyclisme… Mais en réalité tous les sports font appel à l'innovation. Prenez l'escalade. Il faut sans cesse améliorer cordes et harnais pour réduire toujours plus les éventuels traumatismes. Les chaussures, premier secteur du marché des articles de sport, ont aussi beaucoup évolué. Les semelles, par exemple, présentent des sculptures, des angles, des degrés de liberté améliorant l'amorti et l'impact du pied sur le sol. Lors de notre dernier congrès à Marseille, Mario Lafortune, directeur de la recherche chez Nike, nous a présenté une chaussure qui reproduit la marche pieds nus. Non seulement on oublie qu'on la porte, mais elle permet en outre de se muscler en marchant.

Cet exemple semble illustrer une tendance forte : l'athlète serait aujourd'hui au cœur des recherches…

É.B. : Oui, il y a toujours, entre l'instrument et le pratiquant, une influence réciproque qu'il faut étudier le plus en amont possible. C'est l'objet de la recherche en biomécanique du mouvement que poursuit notamment notre laboratoire. Pour étudier les performances d'un coureur à pied, nous le faisons courir sur une plate-forme munie de capteurs qui vont enregistrer la manière dont il attaque le sol avec ses chaussures. Il nous est alors possible de remonter aux différents efforts que subissent les articulations : pied, cheville, genou, hanche… L'objectif est de déterminer le mouvement le plus efficace et le moins traumatisant pour son organisme. Autre axe de recherche : l'anticipation du geste sportif. Nous avons ainsi analysé la manière dont un gardien de but, confronté à un coup franc, tente de prédire les trajectoires courbes. Nous avons fait appel aux joueurs de grandes équipes européennes (Milan AC, Marseille, Real Madrid, etc.). Or, il s'est avéré qu'un gardien professionnel n'est pas mieux armé qu'un novice pour anticiper la destination finale du ballon. Nous cherchons maintenant à déterminer comment prévoir cette trajectoire en analysant le geste du tireur au moment de la frappe.

Le déroulement des travaux dont vous nous parlez est facilité par l'existence du Réseau français d'ingénierie du sport (RFIS). De quoi s'agit-il exactement ?

É.B. : Le RFIS est né en 2003 à l'initiative d'universités (Valenciennes, Marseille, Saint-Étienne, Chambéry, Montpellier…), de laboratoires du CNRS et d'industriels (groupe Promiles : Décathlon, Quechua, Tribor ; Adidas ; Thuasne…). Son objectif principal est de relier tous ces partenaires pour développer les capacités de recherche, de développement et d'innovation dans le domaine de l'ingénierie du sport. Le RFIS soutient notamment le programme européen Innosport (2006-2008), et est à l'origine de Sportaltec, pôle de compétitivité des industries du sport et des loisirs. Les projets en cours permettront par exemple de travailler sur des tissus intelligents, les nanomatériaux ou encore la prévention des entorses.

Quels sont les principaux enseignements du dernier congrès du RFIS ?

É.B. : L'édition 2007 a surtout permis de mettre en évidence l'intérêt de s'organiser en réseau. Pour les industriels, le but est de structurer la recherche et de minimiser les coûts. Pour la recherche en général, l'enjeu est de trouver des financements et des axes de travail débouchant sur des emplois dans le secteur du sport. Enfin, la recherche et le développement dans l'industrie des sports et des loisirs sont hautement multidisciplinaires. Il est donc essentiel de favoriser le regroupement des compétences pour mener à bien ces projets.

Propos recueillis par Emmanuel Thévenon

É.B. : On le sait, ce secteur connaît actuellement un essor exponentiel. D'un côté, le sport professionnel n'a jamais été aussi médiatisé ; de l'autre, de plus en plus de gens pratiquent au quotidien une activité sportive. Résultat : en 2010, l'industrie du sport – au sens large – devrait compter quelque deux millions de salariés en Europe, contre 800 000 en 1999 ! Hors bénévolat, le poids du sport dans l'économie française représente déjà près de 2 % du PIB (27,4 milliards d'euros en 2003). Or l'innovation est un des moteurs de ce développement : en permanence, le marché réclame de nouveaux produits toujours plus performants, ce qui nécessite évidemment, en amont, des recherches fondamentales. Ces dernières sont d'autant plus utiles qu'elles ont souvent des répercussions inattendues : par exemple, les mouvements du tennis sont comparables à ceux d'une caissière qui exécute des tâches très répétitives. Les étudier et transposer les résultats pour rendre les postes de travail plus ergonomiques permet de réduire ainsi les troubles musculo-squelettiques. Et on peut appliquer cela à presque tous les sports.

Parmi ceux-ci, quels sont les plus innovants ?

É.B. : Immédiatement, on pense à la haute technologie déployée en voile, en sports mécaniques, ou en cyclisme… Mais en réalité tous les sports font appel à l'innovation. Prenez l'escalade. Il faut sans cesse améliorer cordes et harnais pour réduire toujours plus les éventuels traumatismes. Les chaussures, premier secteur du marché des articles de sport, ont aussi beaucoup évolué. Les semelles, par exemple, présentent des sculptures, des angles, des degrés de liberté améliorant l'amorti et l'impact du pied sur le sol. Lors de notre dernier congrès à Marseille, Mario Lafortune, directeur de la recherche chez Nike, nous a présenté une chaussure qui reproduit la marche pieds nus. Non seulement on oublie qu'on la porte, mais elle permet en outre de se muscler en marchant.

Cet exemple semble illustrer une tendance forte : l'athlète serait aujourd'hui au cœur des recherches…

É.B. : Oui, il y a toujours, entre l'instrument et le pratiquant, une influence réciproque qu'il faut étudier le plus en amont possible. C'est l'objet de la recherche en biomécanique du mouvement que poursuit notamment notre laboratoire. Pour étudier les performances d'un coureur à pied, nous le faisons courir sur une plate-forme munie de capteurs qui vont enregistrer la manière dont il attaque le sol avec ses chaussures. Il nous est alors possible de remonter aux différents efforts que subissent les articulations : pied, cheville, genou, hanche… L'objectif est de déterminer le mouvement le plus efficace et le moins traumatisant pour son organisme. Autre axe de recherche : l'anticipation du geste sportif. Nous avons ainsi analysé la manière dont un gardien de but, confronté à un coup franc, tente de prédire les trajectoires courbes. Nous avons fait appel aux joueurs de grandes équipes européennes (Milan AC, Marseille, Real Madrid, etc.). Or, il s'est avéré qu'un gardien professionnel n'est pas mieux armé qu'un novice pour anticiper la destination finale du ballon. Nous cherchons maintenant à déterminer comment prévoir cette trajectoire en analysant le geste du tireur au moment de la frappe.

Le déroulement des travaux dont vous nous parlez est facilité par l'existence du Réseau français d'ingénierie du sport (RFIS). De quoi s'agit-il exactement ?

É.B. : Le RFIS est né en 2003 à l'initiative d'universités (Valenciennes, Marseille, Saint-Étienne, Chambéry, Montpellier…), de laboratoires du CNRS et d'industriels (groupe Promiles : Décathlon, Quechua, Tribor ; Adidas ; Thuasne…). Son objectif principal est de relier tous ces partenaires pour développer les capacités de recherche, de développement et d'innovation dans le domaine de l'ingénierie du sport. Le RFIS soutient notamment le programme européen Innosport (2006-2008), et est à l'origine de Sportaltec, pôle de compétitivité des industries du sport et des loisirs. Les projets en cours permettront par exemple de travailler sur des tissus intelligents, les nanomatériaux ou encore la prévention des entorses.

Quels sont les principaux enseignements du dernier congrès du RFIS ?

É.B. : L'édition 2007 a surtout permis de mettre en évidence l'intérêt de s'organiser en réseau. Pour les industriels, le but est de structurer la recherche et de minimiser les coûts. Pour la recherche en général, l'enjeu est de trouver des financements et des axes de travail débouchant sur des emplois dans le secteur du sport. Enfin, la recherche et le développement dans l'industrie des sports et des loisirs sont hautement multidisciplinaires. Il est donc essentiel de favoriser le regroupement des compétences pour mener à bien ces projets.

Propos recueillis par Emmanuel Thévenon

É.B. : On le sait, ce secteur connaît actuellement un essor exponentiel. D'un côté, le sport professionnel n'a jamais été aussi médiatisé ; de l'autre, de plus en plus de gens pratiquent au quotidien une activité sportive. Résultat : en 2010, l'industrie du sport – au sens large – devrait compter quelque deux millions de salariés en Europe, contre 800 000 en 1999 ! Hors bénévolat, le poids du sport dans l'économie française représente déjà près de 2 % du PIB (27,4 milliards d'euros en 2003). Or l'innovation est un des moteurs de ce développement : en permanence, le marché réclame de nouveaux produits toujours plus performants, ce qui nécessite évidemment, en amont, des recherches fondamentales. Ces dernières sont d'autant plus utiles qu'elles ont souvent des répercussions inattendues : par exemple, les mouvements du tennis sont comparables à ceux d'une caissière qui exécute des tâches très répétitives. Les étudier et transposer les résultats pour rendre les postes de travail plus ergonomiques permet de réduire ainsi les troubles musculo-squelettiques. Et on peut appliquer cela à presque tous les sports.

Parmi ceux-ci, quels sont les plus innovants ?

É.B. : Immédiatement, on pense à la haute technologie déployée en voile, en sports mécaniques, ou en cyclisme… Mais en réalité tous les sports font appel à l'innovation. Prenez l'escalade. Il faut sans cesse améliorer cordes et harnais pour réduire toujours plus les éventuels traumatismes. Les chaussures, premier secteur du marché des articles de sport, ont aussi beaucoup évolué. Les semelles, par exemple, présentent des sculptures, des angles, des degrés de liberté améliorant l'amorti et l'impact du pied sur le sol. Lors de notre dernier congrès à Marseille, Mario Lafortune, directeur de la recherche chez Nike, nous a présenté une chaussure qui reproduit la marche pieds nus. Non seulement on oublie qu'on la porte, mais elle permet en outre de se muscler en marchant.

Cet exemple semble illustrer une tendance forte : l'athlète serait aujourd'hui au cœur des recherches…

É.B. : Oui, il y a toujours, entre l'instrument et le pratiquant, une influence réciproque qu'il faut étudier le plus en amont possible. C'est l'objet de la recherche en biomécanique du mouvement que poursuit notamment notre laboratoire. Pour étudier les performances d'un coureur à pied, nous le faisons courir sur une plate-forme munie de capteurs qui vont enregistrer la manière dont il attaque le sol avec ses chaussures. Il nous est alors possible de remonter aux différents efforts que subissent les articulations : pied, cheville, genou, hanche… L'objectif est de déterminer le mouvement le plus efficace et le moins traumatisant pour son organisme. Autre axe de recherche : l'anticipation du geste sportif. Nous avons ainsi analysé la manière dont un gardien de but, confronté à un coup franc, tente de prédire les trajectoires courbes. Nous avons fait appel aux joueurs de grandes équipes européennes (Milan AC, Marseille, Real Madrid, etc.). Or, il s'est avéré qu'un gardien professionnel n'est pas mieux armé qu'un novice pour anticiper la destination finale du ballon. Nous cherchons maintenant à déterminer comment prévoir cette trajectoire en analysant le geste du tireur au moment de la frappe.

Le déroulement des travaux dont vous nous parlez est facilité par l'existence du Réseau français d'ingénierie du sport (RFIS). De quoi s'agit-il exactement ?

É.B. : Le RFIS est né en 2003 à l'initiative d'universités (Valenciennes, Marseille, Saint-Étienne, Chambéry, Montpellier…), de laboratoires du CNRS et d'industriels (groupe Promiles : Décathlon, Quechua, Tribor ; Adidas ; Thuasne…). Son objectif principal est de relier tous ces partenaires pour développer les capacités de recherche, de développement et d'innovation dans le domaine de l'ingénierie du sport. Le RFIS soutient notamment le programme européen Innosport (2006-2008), et est à l'origine de Sportaltec, pôle de compétitivité des industries du sport et des loisirs. Les projets en cours permettront par exemple de travailler sur des tissus intelligents, les nanomatériaux ou encore la prévention des entorses.

Quels sont les principaux enseignements du dernier congrès du RFIS ?

É.B. : L'édition 2007 a surtout permis de mettre en évidence l'intérêt de s'organiser en réseau. Pour les industriels, le but est de structurer la recherche et de minimiser les coûts. Pour la recherche en général, l'enjeu est de trouver des financements et des axes de travail débouchant sur des emplois dans le secteur du sport. Enfin, la recherche et le développement dans l'industrie des sports et des loisirs sont hautement multidisciplinaires. Il est donc essentiel de favoriser le regroupement des compétences pour mener à bien ces projets.

Sources :

Liens sport

Tennis de table

Chaussures et douleur aux pieds

Tables de Ping Pong décathlon

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